mardi 12 mai 2015

Culture et agriculture pour demain - Retour sur la conférence de Marc DUFUMIER, avril 2015

C'est avec un peu de retard que je reviens sur la conférence débat du 8 avril 2015 concernant l'avenir de l'agriculture.

Marc DUFUMIER est un "grand" (par la taille et par ses compétences) agronome français, de sensibilité écologique. Ces recherches et ses écrits se sont orientés essentiellement vers le développement agricole des pays du sud.

Sa présentation passionnante m'a replongée dans mes années universitaires où pendant des heures entières les théories dites classiques nous étaient expliquées. 

Marc DUFUMIER a parlé d'économie mondialisée

De la main invisible d'Adam Smith qui régule les marchés à la théorie des avantages comparatifs de Ricardo, nous retrouvons aujourd'hui les fondements de notre économie mondialisée, et les fondements des décisions prises par le FMI pour réguler (ou pas!!) les marchés mondiaux.

Aujourd'hui, nous vivons dans ce monde là. Et il faut bien reconnaître que finalement, heureusement que nous sommes en France, sinon, nous aurions peut-être un peu plus faim...

Car la problématique soulevée par Marc DUFUMIER est que ce système ne permet pas à tous de se nourrir correctement, par conséquent, ce système ne peut pas durer...
(Bien sûr, je résume très brièvement sa pensée!!)

Marc DUFUMIER souhaite que les paysans du monde entier puisse se nourrir, et nourrir l'ensemble de la planète. La théorie des avantages comparatifs de Ricardo est dangereuse dans son application à l’échelle mondiale. 
Comment vendre au même prix un kilo de riz qui aura demandé quelques minutes de travail en France contre plusieurs heures dans les rizières au Vietnam? 
Combien d'heures de travail pour, en échange de ce riz vendu, recevoir de quoi vivre normalement et répondre aux besoins primaires de tout un chacun?
La gestion mondiale des cours des céréales génère une très grande pauvreté chez les paysans dits "du sud", ceux là même qui travaillent chaque jour pour nous donner de quoi manger...


Bref, cette formidable conférence remet les choses à sa place et montre clairement les limites de notre système actuel. Il place également le consommateur face à ces responsabilités lorsqu'il achète de quoi se nourrir.

Marc DUFUMIER a aussi parlé du bio. 

Et si les cantines ne proposaient que du bio local? 
Ne serait se pas là le début du changement? 
Savez-vous que les pesticides peuvent priver les enfants, qui entre leur vie in utero et la fin de l'adolescence consomment des fruits et des légumes traités, de 10 ans de vie en bonne santé ? Savez-vous que nos séniors actuels sont probablement ceux qui vivront le plus longtemps en bonne santé?
Proposer du bio, c'est soutenir une certaine agriculture, plus propre, et finalement moins chère pour notre société (Moins de problème de pollution de l'eau, moins de maladie...). Proposer du bio local c'est aussi soutenir un modèle économique qui n'exploite pas certains paysans du monde, et qui au contraire permettre à chacun de manger à sa faim.
Et si, en posant les chiffres on s'apercevait que subventionner le bio était rentable? L'eau du robinet couterait moins chère, les comptes de la sécurité sociale seraient moins dans le rouge!...

Marc DUFUMIER parle aussi des sols.

L'érosion générée par nos pratiques culturales (labour profond...), l'industrialisation de l'agriculture conduit à une diminution des rendements. 
Les terres sont moins fertiles qu'il y a 50 ans. 
Bien sûr, on compense avec de l'engrais chimique. 
Mais cet engrais... qu'est ce que c'est? Un dérivé du gaz russe importé... donc, une ressource non renouvelable; qui aura probablement disparu dans 20 ou 30 ans.
On a choisi des variétés de céréales plus performantes. 
Mais, n'est ce pas fait au détriment de la biodiversité? Et surtout dans une démarche d'homogénéisation des cultures et donc des saveurs proposés ensuite au consommateur?
Est cela que nous souhaitons transmettre à nos enfants?
Des terres non fertiles, des goûts standardisés?
(on voit par exemple que la recherche systématique d'un haut niveau de gluten dans le blé génère aujourd'hui des intolérances et donc des frais de santé...)

Bref... il est peut être temps de faire une révolution verte dans notre monde paysan...






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